Des accusations troublantes ont récemment été portées contre la société Apple, l’accusant d’utiliser des minerais illégalement exploités dans la fabrication de ses produits. Des avocats mandatés par Kinshasa ont délivré une mise en demeure affirmant que la firme américaine utilise des minerais « importés par contrebande » en provenance du Rwanda. Cette nouvelle, relayée par l’Agence France Presse, met en lumière une situation complexe et préoccupante, où les droits humains sont violés dans le cadre de l’extraction de ces minerais en République Démocratique du Congo (RDC).
Selon les avocats de la RDC, Apple aurait acheté des minerais stratégiques au Rwanda, pays qu’ils qualifient de « central dans l’exploitation illégale de minerais ». L’étain et le tantale, notamment, seraient concernés par ces accusations. Les minerais, après leur extraction illégale en RDC, seraient introduits par contrebande au Rwanda, où ils intègreraient ensuite les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Cette affaire prend une tournure judiciaire alors qu’Apple est sommé de répondre à ces allégations dans un délai de trois semaines. Les avocats de la RDC soulignent que ces minerais litigieux proviennent en grande partie des mines congolaises, où les droits humains sont systématiquement bafoués. Des rapports antérieurs, tels que celui de l’ONG The Enough Project en 2015, ont déjà pointé du doigt le contrôle de ces sites miniers par des groupes armés, qui recourent à la violence pour forcer des civils, voire des enfants, à travailler dans des conditions inhumaines.
La mise en demeure, adressée aux filiales françaises d’Apple, est accompagnée d’une liste de questions détaillées sur les minerais utilisés dans les produits de la société. Apple est également interpellée via son siège américain. Les avocats ont clairement indiqué que toutes les options judiciaires étaient envisagées face à cette situation.
En réponse à ces accusations, Apple a fait référence à son rapport annuel de 2023 sur les minerais du conflit, affirmant n’avoir trouvé aucune preuve que ses fournisseurs avaient directement ou indirectement financé des groupes armés en RDC ou dans les pays voisins.
Ces événements soulignent l’importance cruciale de la traçabilité des chaînes d’approvisionnement mondiales et remettent en question les pratiques commerciales des géants technologiques. Alors que le monde se tourne de plus en plus vers une économie éthique, cette affaire met en évidence les défis persistants liés à l’exploitation des ressources naturelles dans les régions en conflit.
Restra Poaty, Journaliste Tech