Enthousiaste quant à l’impact des technologies de l’information et de la communication sur l’activité économique, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) estime toutefois qu’il faudra légiférer pour que les pays en voie de développement et les petites entreprises ne soient pas les laissés-pour-compte de ces avancées.
« Nous sommes enthousiasmés par la capacité de transformation de la numérisation, mais nous devons reconnaître qu’internet n’est pas une panacée », a déclaré Mukhisa Kituyi, secrétaire général de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), à l’occasion de la publication du rapport 2017 de l’organisation sur l’économie de l’information, intitulé « Numérisation, commerce et développement », le 2 octobre.
Pour ce dernier, si le développement des technologies de l’information et de la communication permet d’améliorer considérablement la production, « des politiques nationales et internationales sont nécessaires pour que les gains ainsi engendrés soient répartis équitablement entre les pays et à l’intérieur des pays ».
Un recours limité aux technologies de pointe
Dans le cas contraire, prévient la Cnuced, il y a un risque réel d’aggravation des inégalités entre petites et grandes entreprises, comme entre pays développés et pays en développement.
Le recours à l’intelligence artificielle, par exemple, est de plus en plus fréquent dans les produits et services proposés dans les pays développés : prévisions de trafic en temps réel, véhicules sans chauffeur… En revanche, le recours à ces technologies de pointe est plus rare sur le continent. Ainsi, seules 4 % des imprimantes 3D sont en Afrique et en Amérique latine, et l’utilisation de robots y est aussi beaucoup plus limitée que dans les pays développés.
De même, alors qu’en Afrique, la plupart des petites et moyennes entreprises sont mal préparées à prendre le virage numérique, et de ce fait risquent de manquer des opportunités d’amplifier leur productivité et leur compétitivité, une entreprise comme IBM a annoncé en 2014 son intention d’investir 100 millions de dollars en dix ans dans le projet Lucy, afin d’implanter en Afrique sa solution d’intelligence artificielle,Watson, avec pour objectif de recueillir des informations dans les domaines de l’agriculture, de la santé, de l’éducation, de l’énergie et de l’eau.
La formation et la sécurité, des enjeux clés
Afin de remédier aux inégalités, la Cnuced préconise l’incorporation des notions d’informatique et de code dans les programmes scolaires. Mais le rapport note que si de nombreux pays développés ont déjà adopté de telles pratiques, ce n’est pas le cas des pays d’Afrique, où l’alphabétisation de base reste un enjeu majeur et où il n’y a de cours d’informatique, ni au cours du premier, ni au cours du second cycle.
Le rapport insiste aussi sur la nécessité de protéger les utilisateurs, entreprises ou consommateurs, dans le cadre de leurs activités en ligne. Or, si dans tous les pays, la sécurité est imparfaite, les autorités cherchant toujours à rattraper leur retard face à une technologie qui ne cesse d’avancer, ce constat est encore plus vrai en en Afrique, où seuls 51,9% des pays ont encadré les transactions en ligne. Moins de 40 % ont adopté une loi sur la protection des données et de la vie privée et 50 % ont légiféré contre la cybercriminalité.